LA METAMORPHOSE D’UNE SPIN-OFF EN LEADER DE LA MEDECINE REGENERATIVE DU FOIE

    30/04/2018
    En trois années, Promethera Biosciences s’est transformée en leader mondial de la thérapie cellulaire réparatrice du foie. Récit de la métamorphose d’une spin-off UCL biotech en 5 points-clés.

    Le foie, organe vital le plus volumineux du corps, est un véritable adepte du multitasking. Du haut de ses 1,5 kilos en moyenne, il accomplit quelque 500 fonctions de détoxification, stockage de l’énergie et synthétisation de composants-clés dans la digestion et la coagulation.

    Cependant, quand il souffre, ce dur à la tâche se fait plutôt stoïque. Sans aucun symptôme prononcé en début de maladie, la détection précoce d’un problème grave s’avère plutôt délicate. Et lorsque le constat tombe, la transplantation représente l’unique piste acceptée en clinique.

    Pour le patient, la greffe hépatique se révèle lourde, risquée et non garantie. En outre, l'acte chirurgical coûte « de 200 à 300.000 euros en Europe ou Asie à 600.000 dollars aux Etats-Unis », tandis que la liste d’attente pour une donation provoque au sens large dans notre plat pays près d’un décès sur dix.

    Alors que tous les spécialistes internationaux s’inquiètent de la progression de la « maladie du soda » et qu’on estime à 30% le nombre de belges porteurs d’un foie trop gras par excès de sucre et de graisse, Promethera Biosciences possède le potentiel de le soigner avec une alternative biotechnologique basée sur la thérapie cellulaire.


    UN FOIE, DES CENTAINES DE PATIENTS


    La culture cellulaire.

    Indispensables à la croissance et la réparation des organes et tissus, 37.200 milliards de cellules veillent au bon fonctionnement quotidien et se renouvellent sans cesse afin de pérenniser leurs activités. Un pouvoir régénérant duquel la thérapie cellulaire, qui consiste à injecter des cellules thérapeutiques saines dans la composante défaillante, tire ses effets réparateurs.

    A l’UCL, professeur Etienne Sokal, chef du service gastroentérologie et hépatologie pédiatrique aux Cliniques Saint-Luc et enseignant, a inventé un procédé de fabrication et prolifération en salle blanche des cellules souches du foie. Les fruits de sa recherche l’ont ensuite mené à cofonder la spin-off Promethera Biosciences en 2009.

    Epaulé par la Sopartec, la société de transfert technologique universitaire, il s’investit en tant que directeur à la recherche et l’innovation, façonnant le traitement emblématique HepaStem en vue de soigner initialement les affections génétiques rares de l’enfant, les troubles de l’urée et le syndrome de Crigler-Najjar.

    La méthode révolutionnaire traite « des centaines de patients au départ de prélèvements sur un même foie ». Lors des essais, le produit allonge la durée et la qualité de vie des sujets, servant de passerelle vers la greffe et d’espoir potentiel de réparer efficacement le foie !


    SCIENCE COMPLEXE ET AVANT-GARDISTE


    Le produit HepaStem et son flacon de diluant.

    Le plus grand défi de la spin-off réside maintenant à amener son produit sur le marché. Pour cela, elle doit prouver avec succès l’innocuité et l’efficacité sur toute une série de tests cliniques dans chaque pathologie ciblée, un processus fastidieux et dispendieux étalé sur plusieurs années.

    De plus, à la différence d’une molécule médicamenteuse traditionnelle, une cellule vit, interagit avec son environnement, ce qui rend cette médecine complexe avant-gardiste. La biotech prévoit en conséquence « un an et demi à deux années de cash à l’avance » sur fonds externes pour poursuivre le cheminement vers la commercialisation.


    DE SPIN-OFF A CHAMPION


    John Tchelingerian, CEO.

    L’entreprise a bien avancé sur tous les fronts depuis sa création et l’arrivée en janvier 2015 de son nouveau CEO John Tchelingerian, un serial entrepreneur passionné de sciences à la double culture franco-américaine, a certainement joué dans la mutation de spin-off à champion international.

    Grâce à son éclairage, nous la résumons en 5 points-clés.

    ELARGIR AUX PATHOLOGIES COURANTES

    Le focus initial sur les maladies enfantines rares a été élargi à deux fléaux majeurs chez l’adulte, l’acute-on-chronic liver failure (ACLF), causé entre autres par l’abus d’alcool et les infections virales, et la nonalcoholic steatohepatitis (NASH), ou maladie du foie gras, dont la progression fulgurante est attribuée au diabète et à l’obésité. Incurables et délétères aux stades avancés, elles manifestent respectivement l’inflammation et la fibrose, des effets néfastes communs à l’ensemble des pathologies. La spin-off espère arriver première sur le créneau délaissé des phases tardives, les fibroses de grade II/III à IV (NASH) et les cirrhoses sévères décompensées (ACLF) où la chance de survie se limite à 50% à 28 jours, des marchés évalués en « dizaines de milliards de dollars ».

    DEVELOPPER UN SUPER-TRAITEMENT MULTI-INDICATIONS

    L’équipe mise sur les propriétés multi-actions paracrines et immunomodulatrices des cellules souches HepaStem pour entrer dans les maladies adultes répandues. Au niveau clinique, la sécurité d’utilisation est déjà validée dans les déficiences enfantines. Une étude de novembre 2016 confirme la réduction de l’inflammation et de la fibrose sur un modèle de souris NASH. Alors que trois phases cliniques sont nécessaires à la demande de commercialisation, Promethera s’engagera dans la phase IIb ACLF cette année. La phase I/IIa NASH devrait quant à elle débuter prochainement.

    OPERER DES ACQUISITIONS STRATEGIQUES

    Sous l’impulsion de John, deux acquisitions stratégiques ont été bouclées en trois ans. 

    La première, le rachat des actifs du concurrent le plus avancé Cytonet en avril 2016, transforme la spin-off en leader international. L’opération inclut 18 employés, une usine à Durham aux USA avec des capacités de production cGMP, des brevets et des produits. Promethera a introduit au Canada la demande de commercialisation d’Heparesc, le produit Cytonet prolongeant la vie de nouveaux-nés gravement atteints de troubles du cycle de l’urée avant la greffe. Une issue favorable offrirait des perspectives de revenus à court terme. A cela s’additionne un « accès illimité et autonome en matières premières », près d’un millier de foies en provenance du réseau américain d’allocation d’organes US-OPO en plus de dizaines obtenus chaque année via la Banque des tissus gérée par le Pr Sokal aux Cliniques Saint Luc, « une aubaine pour préparer la transition vers l’échelle industrielle ! ».

    Annoncée ce 10 avril, l’assimilation de société bâloise Baliopharm vise à augmenter les options de traitement des affections NASH et ACLF. Encore au stade de développement préclinique pour au moins deux ans, leurs anticorps Atrosab et Atrosimab spécifiquement liés au récepteur 1 de facteur de nécrose tumorale bloquent la progression de l’inflammation dans les maladies auto-immunes (psoriasis, polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques et maladie de Crohn) et le cancer tout en préservant la régénérescence hépatique. Utilisées seules ou en polythérapie avec les produits existants de Promethera, ces technologies apporteraient des réponses aux maladies chroniques du foie conduisant à la fibrose.

    INNOVATION IS KING

    « Promethera détient 240 brevets dans 14 familles, un portefeuille colossal accumulé depuis la première licence entre l’UCL et la Sopartec en 2009 et l’acquisition des actifs clés de Cytonet ». Conscient que cette assise très forte ne suffit pas pour rester numéro un, la recherche interne bat son plein. Entre le projet de « cellules 2.0 » aux qualités surexprimées en cours de négociations pharmaceutiques et la diversification du portfolio de produits avec H2Stem « des cellules hépato-biliaires réparatrices capables de potentiellement retarder ou dans le meilleur des cas remplacer la greffe », la spin-off multiplie les pistes prometteuses afin de « placer de solides barrières à la concurrence » et « dominer sur le terrain de prédilection ».

    BIG IN JAPAN

    « We go East ! » disait John à ses collaborateurs en pointant deux pays favorables aux biotechnologies avant-gardistes, le Japon (troisième marché pharmaceutique mondial après les Etats-Unis et la Chine) et la Corée du sud. 

    ​Aujourd’hui, les partenaires asiatiques détiennent 13% du capital. Ils ont été attirés grâce à son réseau et aux liens forts avec Mitsui Global Fund, investisseur nippon historique de la spin-off. Trois actionnaires ont participé à un tour de table de 10 millions d’euros fin 2016 : Mitsubishi UFJ Capital, branche capital-risque d’une méga-banque japonaise, Cell Innovation Partners, qui soutient au Japon les entreprises en médecine régénérative, et Life Liver, l’expert sud-coréen des maladies hépatiques graves. Deux autres, Shibuya Corporation et Shinsei Corporate Investment, ont contribué à l’augmentation en capital de 9,3 millions d’euros publiée ce mois d’avril.

    Les récentes alliances stratégiques et commerciales permettent de « transposer à l’international le modèle prévu en Europe », à travers notamment un contrat de licence pour humaniser le foie artificiel de Life Liver, un assistant ex vivo aux insuffisances aigües, « et enrichir les capacités » par la construction conjointe avec le fabricant japonais Shibuya Corporation d’une plateforme de production cellulaire à haut rendement sur leur site de Gosselies. 

    Et la Chine ? « Trop grand, trop complexe pour l’instant » confesse-t-il, déjà fort occupé au pays du Soleil Levant par les discussions avec les autorités administratives des médicaments et l’ouverture probable d’un bureau à Tokyo, avant de conclure « pourquoi pas avec un partenaire local fort ».
     



    Au siège dans le site Watson & Crick, rue Granbonpré 11.

    ​Promethera Biosciences, spin-off UCL spécialisée en médecine régénérative du foie, réside depuis sa création en 2009 à LLN Science Park. Elle emploie aujourd’hui près de 60 personnes en Belgique et aux Etats-Unis.

    Tous nos remerciements à John Tchelingerian, CEO, à Alexandra Schiettekatte, Senior Communications Manager, et à Elodie Vellut, Communications Assistant.

    Copyright photos : Promethera Biosciences.

    Plus d’informations sur www.promethera.com.


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