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    Axinesis, quand robotique et jeux vidéo révolutionnent la rééducation motrice

    29/09/2017
    Voilà deux ans déjà qu’Axinesis, spin-off UCL, a mis sur le marché le REAplan, un robot-assistant de rééducation motrice. Ce dispositif médical révolutionnaire utilise le jeu vidéo interactif pour rendre le mouvement aux membres supérieurs de patients cérébrolésés. Retour sur la technologie innovante et les premiers succès d’une start-up tournée vers la médecine du futur.

    Se laver, s’habiller, tenir une tasse de café,… Ces gestes banals du quotidien peuvent soudain devenir un challenge permanent après une lésion cérébrale.

    En tête de file des lésions cérébrales à l’origine d’un handicap locomoteur, on retrouve l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC).

    Principale cause d’invalidité chez l’adulte, l’AVC fait 19.000 victimes par an en Belgique et 15 millions dans le monde. Une victime sur trois est atteinte de déficience motrice, et les membres supérieurs, de la main à l’épaule, sont les premiers à en pâtir.

    Les enfants aussi peuvent être frappés d’une paralysie cérébrale avant, pendant, ou quelques mois après la naissance. Selon les Cliniques universitaires Saint-Luc (UCL), 2,5% des nouveaux-nés belges souffrent d’une Infirmité Motrice d’Origine Cérébrale.

    Commence ensuite, chez l’enfant comme chez l’adulte, un processus de rééducation indispensable à la récupération d’une certaine autonomie.

    La clé du réapprentissage moteur

    Pour récupérer au mieux les capacités perdues, le cerveau doit rapidement et constamment être sollicité, maximisant ainsi le phénomène de « neuroplasticité », par lequel nos neurones apprennent à se réorganiser autour d’une zone lésée.

    Suite à un AVC, il faut agir de façon intensive endéans les trois mois. Et poursuivre la rééducation les années suivantes, selon les besoins, afin d’amenuiser les séquelles.

    Cependant, le patient doit également composer avec l’engorgement des professionnels de la santé (kinésithérapeutes et autres) qui doivent gérer au mieux une très forte demande et des disponibilités limitées.

    Si la clé du réapprentissage moteur réside dans la précocité et l’intensité de la stimulation neuronale, comment agir de façon optimale dans ce contexte ? 

    C’est ici qu’intervient la solution innovante d’Axinesis, le REAplan.

    Un robot-compagnon de dernière génération

    En combinant robotique et jeux thérapeutiques sur écran, le REAplan accompagne les patients cérébrolésés dans le réapprentissage du mouvement des membres supérieurs. 

    Le dispositif médical est équipé de deux technologies dernier cri conçues en interne : l’interactivité homme-machine, grâce à laquelle le système calcule en continu les capacités du malade pour ajuster la difficulté des exercices, et un manipulateur robotisé qui, placé à un point de contact sur la main ou l’avant-bras, entraîne le mouvement ou amplifie la force. Ce dernier permet en outre d’oublier les contraintes imposées par une technologie de type exosquelette (*). 

    Le robot intelligent a-t-il remplacé le médecin spécialiste ? Que du contraire, le praticien reste central dans la thérapie de rééducation. Il prescrit l’ensemble du programme, pour lequel le REAplan est l’un des outils à sa disposition, et il demeure le plus à même de juger des progrès du malade dans leur globalité.

    Quelle est donc sa valeur ajoutée s’il ne remplace pas le médecin ? La différence, c’est que la machine, en plus de garantir (de façon scientifiquement prouvée) une thérapie de rééducation qui se rapproche le plus d’une thérapie intensive, facilite aussi grandement le travail du praticien. 

    En effet, le système vient en aide à tous les patients cérébrolésés, quel que soit leur âge, leur morphologie, ou le stade de rééducation.

    Ainsi, pour une durée de traitement égale à celle d’une séance traditionnelle, la machine réalise des prouesses inatteignables par l’humain. Grâce à elle, le patient effectue 600 à 800 mouvements en une session, contre seulement quelques dizaines avec le thérapeute !

    En plus, présentés sous forme de jeux vidéo, les exercices de rééducation deviennent ludiques, ce qui est idéal pour maintenir la motivation, et particulièrement attrayant auprès des enfants.

    Pendant le jeu, la technologie adapte automatiquement la difficulté des exercices aux aptitudes à l’effort mesurées chez l’individu en temps réel, et ces données quantifiables sont traduites a posteriori en un rapport sur l’évolution du patient.

    Happy bi-birthday ‘made in UCL’

    Axinesis souffle ses deux bougies cette année, et on en oublierait presque qu’un anniversaire en cache un autre.

    Car l’histoire du REAplan débute en octobre 2006 à l’Université catholique de Louvain, lorsque Julien Sapin, doublement diplômé ingénieur civil et industriel, docteur en sciences de l’ingénieur en devenir, conçoit grâce à une bourse de recherche FNRS le robot de rééducation pour sa thèse. 

    Potentiellement commercialisables, les résultats de sa recherche doctorale débouchent sur l’octroi pendant quatre ans d’un financement First Spin-Off par la Région wallonne, de 2010 à 2014. 

    Le développement technique et le lancement des premiers essais cliniques se font en collaboration avec l’Université catholique de Louvain, grâce aux contributions respectives de l’Institute of Mechanics, Materials and Civil Engineering (iMMC-UCL) et du Service de médecine physique et réadaptation des Cliniques universitaires Saint-Luc. 

    Le service de transfert technologique de l’UCL, le Louvain Technology Transfer Office (LTTO), accompagne aussi le jeune chercheur dans son projet de création de spin-off : levée de fonds, business plan, recherche du candidat CEO idéal, …

    Au lancement officiel de la spin-off Axinesis en avril 2015, Julien Sapin devient Co-fondateur et Chief Technical Officer aux côtés d’Eric Hanesse, ancien de l’EDHEC Business School, titulaire d’un MBA à HEC Paris et riche d’une expérience de 20 années en ventes et en marketing, qui le rejoint en tant que CEO. 

    Plus tard dans la même année, Axinesis reçoit un soutien financier significatif du Caring Entrepreneurship Fund (CEF), géré par la Fondation Roi Baudouin, et signe un partenariat avec le CHU Dinant Godinne (UCL Namur).

    Le REAplan, fruit de près de onze années de recherches, enchaîne ainsi les succès commerciaux depuis deux ans.

    A la conquête des établissements de santé

    Il faut dire que le REAplan a de quoi séduire son marché, celui des professionnels de la santé opérant en cabinet, à l’hôpital, ou en maison de retraite.

    Le prix d’achat (autour de 50.000 EUR pour un système complet) reflète la volonté de démocratiser l’accès à ces technologies très novatrices en rééducation. Il est en effet presque quatre fois moins cher que les deux concurrents principaux.

    De plus, si l’on considère la capacité de travail du REAplan, qui traite de façon simple et intuitive près de 12 patients par jour, contre moins de la moitié avec les machines de première génération de la compétition, l’investissement apparait tout de suite plus avantageux.

    Le bilan prometteur des deux ans d’existence d’Axinesis est par conséquent la suite logique d’un positionnement intelligent avec un produit révolutionnaire.

    Entrée en Amérique du nord. Des partenariats ont été signés avec le CHU Sainte Justine et le Polytechnique Montréal au Canada en 2016. Axinesis pose ainsi un premier pied robotisé sur le sol nord-américain, au cœur de l’unique Chaire canadienne en robotique de rééducation. Et elle entre dans le Centre de Réadaptation Marie Enfant de Montréal, qui traite environ 4.000 enfants dont la moitié pour une infirmité motrice d’origine cérébrale.

    Contrat exclusif en Belgique. Peu après l’obtention de sa certification CE européenne relative aux dispositifs médicaux, la spin-off signe en septembre 2016 un contrat de distribution exclusif avec Gymna, le partenaire incontournable des professionnels de la rééducation en Belgique.

    Relations privilégiées avec l’Hexagone. La pénétration du marché français a le vent en poupe en 2017. Quatre établissements ont tour à tour équipé leurs plateaux techniques de rééducation avec le REAplan : le Centre MPR Côte d’Amour à Saint Nazaire, le CRF Port Royal du groupe Orpea Clinea à Paris, le C2R des Hôpitaux Universitaires Saint-Louis – Lariboisière – Fernand-Widal du groupe Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, et l’Hôpital Privé de Villiers Saint-Denis. Par ailleurs, depuis 2016, les autorités françaises ont amorcé une politique d’accompagnement des établissements de santé pour l'équipement en plateaux techniques spécialisés, incluant notamment l’assistance robotisée à la rééducation des membres supérieurs.

    Pour l’heure, six unités du REAplan ont été vendues au secteur hospitalier belge et une dizaine dans des structures de rééducation publiques et privées en France. Stimulée par un bouche-à-oreille favorable, l’ouverture des portes belges et françaises apporte de nouveaux contrats en phase de finalisation.

    Un avenir international placé sous le signe de l’innovation

    De nouveaux marchés à l’horizon. Au sortir d’une participation profitable au salon Medica, la spin-off envisage un avenir international sur le long terme. Viser les pays limitrophes, continuer à explorer le Royaume-Uni suite à la prospection encourageante d’une stagiaire Explort de l’AWEX, s’orienter vers les Etats-Unis où le marché est proportionnellement plus important… mais prudemment, et avec méthode. Point de tout cela avant d’asseoir correctement la société dans notre région.

    Innover, encore et toujours. Pour une spin-off, l’innovation reste finalement le maître-mot. D’ailleurs, la moitié des effectifs se consacre au développement interne continu du robot-compagnon. Poussée par les demandes enthousiastes de médecins à élargir l’usage du REAplan à d’autres pathologies, l’équipe a identifié un bon nombre d’autres troubles potentiels sur lesquels investiguer, dont la maladie neurologique et dégénérative de Parkinson. Axinesis ne perd pas pour autant de vue sa mission initiale, à savoir l’accessibilité à sa technologie. Si les avancements le permettent, le système pourrait à terme intégrer le continuum de soins aux malades, au travers de plus petites structures médicalisées, voire au domicile même du patient.


    Pour en savoir plus, consultez www.axinesis.com. Pour connaître la liste des hôpitaux belges équipés du système REAplan, contactez l’équipe Axinesis à info@axinesis.com.


    (*) cf. "Carte blanche : le manipulateur robotisé REAplan®, un compagnon de premier choix pour la rééducation neuromotrice" par Dr Julien Sapin, concepteur du REAplan, co-fondateur et directeur technique d'Axinesis.

    Rédaction : Magdalini Ioannidis.


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